Le pacte des rêves
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
Voir le deal

 

 Enael Wilhelm Luther Weisheit

Aller en bas 
4 participants
AuteurMessage
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:25

.: ~ Le coeur des hommes n'est ni beau, ni pur, ni Lumière ~ :.

.: ~ Il n'est que mépris, vices et Ténèbres ~ :.
.: ~ Mais qui le sait ? ~ :.

"L'homme est aveugle.
L'homme est sourd.
L'homme est muet.
L'homme ne sait que se mentir."

. : ¤ Noms ¤ : .
→ Weisheit (à prononcer à l'allemande)
→ Til'Aria

. : ¤ Prénoms ¤ : .
→ Enael Wilhelm Luther
→ Abel

. : ¤ Surnoms ¤ : .
→ Wil
→ Aucun

. : ¤ Âges ¤ : .
→ 17 ans
→ 16 ans

. : ¤ Sexe ¤ : .
→ Masculin
→ Masculin

. : ¤ Alignements ¤ : .
→ Neutre, tendant vers l'Ego
→ Neutre, tendant à la fois vers le Bon et l'Ego

. : ¤ Origines ¤ : .
→ Terre, Allemagne
→ Vesperia, Elliana

. : ¤ Rôle ¤ : .
→ Contractor

. : ¤ Niveau d'Union ¤ : .
→ Immatériel (récent)

. : ¤ Localisation ¤ : .
→ Terre, Allemagne


"L'espoir ne serait qu'un mensonge.
Une illusion vaine.
Une chimère attrayante.
Un piège méprisable.
Une faiblesse de l'homme ?"

"La masse détruit l'unique.
Mais l'unique est-il pur ?
L'individu possède-t-il la raison ?
Sa force ténue est-elle comparable à celle,
Obscure de la majorité ?"
Enael Wilhelm Luther Weisheit Enaelcopie

○ - . : Armes : . - ○
→ Les mots, ou tout ce qui peut lui tomber sous la main
→ Rien, pour le moment

○ - . : Pouvoirs : . - ○

- . : Empathie : . -
Percevoir les émotions des autres, mais aussi les ressentir, les partager lors d'un contact physique, même bref, même infime. Au stade d'évolution présent, il arrive que le pouvoir d'Enael s'active lors d'une proximité sans contact physique...


- . : Manipulation des sentiments : . -
Manipuler les sentiments, les amplifier, les amoindrir, les modifier... Tout ceci, mais pour le moment, Abel n'en est capable que sur son Contractant et sur les personnes avec lesquelles Enael est en contact physique.

"La force n'existe que par le regard des autres
Qui peut juger de cette dernière sinon les autres ?"


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 23:00, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:25

"Qu'est-ce que l'homme ?"


"Mensonge, traîtrise, égoïsme,
Lâcheté, vanité, cupidité,
Cruauté, haine, faiblesse.
Et espoir."


. : ~ ) ¤ ' Caractères ' ¤ ( ~ : .


Les opposés s’attirent. Qui se ressemble s’assemble.
Abel


On a beau dire qu’Enael et moi sommes différents sur toute la ligne, je n’en crois pas un mot. Enfin, à la base. Mon Contractant n’est pas bien différent de moi. A la base, hein. Il est un exemple type de personnes qui changent au cours du temps, qui se transforment selon leur environnement. Toutefois, ce changement montre qu’Enael est un être facilement influençable (Enael : à la base…), dont la pureté n’était pas si loin de son cœur avant que les changements ne surviennent. Certes, il ne représentait pas la gentillesse dans toute sa splendeur, mais il était loin de posséder un caractère centré sur lui même. C’est en découvrant le monde, en se forgeant une vision de l’avenir pessimiste que mon Contractant a changé, avant même que je n’arrive. Petit à petit, en entrant en contact avec le monde extérieur, son âme et son cœur ont opté pour un pessimisme complètement contraire à l’optimisme inculqué aux adorateurs de l’Eternelle, qui ont foi en la vie. Enael n’a ainsi aucune croyance en l’homme, ni même en un dieu, enfin, Dieu, comme ils l’appellent sur Terre. Il peut être très terre à terre pour certaines choses, et un peu moins sur d’autres, ce qui en fait un être difficile à comprendre. Sa vision du monde se résume par la vision d’un avenir on ne peut plus sombre, c’est-à-dire, la destruction de l’homme par ses propres vices. Il juge ses semblables, et lui compris, incapable de revoir leur position, et d’être dans le fond rien d’autre que des êtres vils et impurs. Quand on croit en la vie et en l’avenir, vous comprendrez qu’il est difficile de s’entendre sur tous les points avec un pareil Contractant… De ce fait, il ressent un certain mépris à l’égard des humains cupides et égoïstes, et à cause de son pouvoir, il lui est aisé de deviner quelles sont les personnes concernées. Par ailleurs, il se considère lui-même comme égoïste et se méprise lui-même, à un point qu’il en devient quelqu’un qui doute de lui-même, constamment, mais qui ne le montre pas à son entourage. A vrai dire, Enael, comme tous les hommes je le pense, est un ramassis de contradictions. Il a beau mépriser certains de ses semblables, il en admire d’autres, sans pour autant l’avouer, et ces autres semblables sont ceux dont la nature est altruiste, généreuse. Toutefois, cela ne signifie pas non plus qu’il me voue de l’admiration… Non, pour lui, il existe un juste milieu, entre l’altruisme qualifiable de naïveté et l’égocentrisme propre à l’humain (Enael : autant dire tout de suite qu’Abel fait partie du premier cas). Par ailleurs, quand j’emploie le terme admiration, peu pourraient le croire puisque, effectivement, il ne l’exprime pas de façon très marquée. Toutefois, on pourra remarquer qu’en présence de ces personnes, Enael adopte un comportement plus ouvert, moins froid. Il se peut même qu’il fasse un ou deux sourires face à ces personnes-là. Mais il considère que trouver de tels individus revient à trouver une aiguille dans une botte de foin…
En effet, en plus d’être pessimiste, mon Contractant est aussi un glaçon ambulant… ou presque. Avare de paroles en temps normal, il n’aime pas s’embarrasser de ce qu’il appelle le superflu (Enael : je ne vous dirai jamais que j’aime bien vos chaussures, en bref). Par contre, si vous cherchez à le faire parler, il parlera, mais il ne vous déclarera pas son amour… En effet, s’il aligne une quinzaine de phrases à al suite, c’est pour deux raisons particulières : soit il est énervé, soit la situation l’oblige. Mon Contractant a effectivement la mauvaise manie d’envoyer balader les gens à coup de piques glaciales et ironiques lorsqu’il est énervé ou qu’on lui cherche des noises (Enael : donc quand on m’énerve…). D’ailleurs, le mettre en rogne n’est pas bien difficile, il suffit de lui lancer deux ou trois répliques de travers… C’est qu’il paraît calme et patient à première vue (Enael : et c’est la stricte vérité) mais il peut péter des câbles à tout moment… De lui se dégage une froideur faisant partie de son charisme, renforcé par son visage peu commun, mais glacial. Il vous dira que quand il s’énerve, il s’agit d’un énervement contrôlé, et sa patience est en effet un de ses traits de caractère qui peut jouer au yoyo… En fait, avec lui, on ne sait pas vraiment quand est-ce qu’il pète réellement un boulon…
Côté préférences, Enael est quelqu’un qui aime, comme son tempérament habituel, le calme. Aussi affectionne-t-il la nature et exècre la ville, aime-t-il la musique classique et bannit le rap de son registre musical… Mon Contractant est souvent seul (Enael : si on ne te compte pas…), mais non pas par choix délibéré (Enael : bien que la solitude peut être agréable de temps en temps), mais par son manque de confiance en autrui et son attitude froide et distante qui peut en gêner plus d’un. Mais fond, je vous l’ai dit, il est comme moi… Si vous cherchez bien, vous trouverez peut-être quelque chose de bon dans le cœur d’Enael.


- ° . : ~ O ~ : . ° -


La pureté dans ce monde n’est pas éternelle.
Enael


Abel, avant de me rencontrer, était un jeune homme pur, innocent, épargné par les vices du monde, mais touché par la naïveté des êtres trop optimistes croyant en l’homme et en eux-mêmes. En effet, Abel était un optimiste dans l’âme, s’opposant à moi dans toute ma splendeur, alors je vous laisse imaginer le choc provoqué par le contact de notre vision du monde et de l’avenir bien divergente. Depuis, il a peu à peu abandonné son optimisme exaspérant (Abel : que tu t’amuses à descendre en flèche…) pour devenir un peu plus pragmatique, même si il n’en est pas encore arrivé au même point que moi. Et peut-être est-ce tant mieux ainsi, puisqu’il peut être par ce biais une source de réconfort (Abel : bien que l’avouer te brûle les lèvres). Bien qu’atténuée à mon contact, les qualités premières de mon Contractant son toujours présentes dans son cœur : gentillesse, honnêteté. Toutefois, l’adjectif ‘atténué’ a bien sa place, puisque auparavant, Abel aurait aidé n’importe qui dans le besoin, peu importe son statut, sa personnalité, sa richesse, tandis qu’à présent, le mépris pour certaines personnes s’est frayé un chemin jusqu’à son cœur, un mépris que lui et moi partageons. Un mépris pour les hommes qui sont un concentrés de mauvais sentiments. Et comme vous l’avez peut-être deviné, Abel a appris l’égoïsme en partageant mon corps, en côtoyant mon âme. Bien que serviable, il pense à présent à ses intérêts et aux miens, à sa souffrance, et surtout à la mienne. Lui et moi étant unité, cela reviendrait à de l’égoïsme que de vouloir m’éviter toute souffrance…
Malgré ces sentiments impurs qui se sont frayés un chemin jusqu’à son âme par ma présence, aucune haine à mon égard n’est perceptible en lui. Je le sais, je le ressens, il y a uniquement de l’amour pour moi, un amour non pas avec un grand A, mais un amour mélangeant fraternité et amitié… C’est à croire que tout l’amour qu’il avait pour la race humaine et pour la déesse qu’il vénérait, l’Eternelle, s’est reporté sur moi, d’où, peut-être, sa migration vers la Terre, et non la mienne vers Vespéria. Toutefois, en parlant de Selkh, il n’a pas encore abandonné toute sa foi en cette dernière, comme moi qui ait abandonné la foi en Dieu. Peut-être est-ce dû au début de cet apprentissage qu’il effectuait sur Vespéria avant de me rejoindre…
Dans tous les cas, Abel n’est pas quelqu’un qui me ressemblait, à la base. Mais petit à petit, il a changé, et en dépit de ce changement, il reste quelqu’un de plus pur que je ne le suis. Il est en quelque sorte une lanterne, une lumière pour mon esprit sombre, quelqu’un qui est apte à accorder plus vite sa confiance que je ne puisse le faire, quelqu’un qui peut être à la fois ma faiblesse et mon conseil.
Toutefois, je ne pourrai pas dire que mon Contractant et moi sommes différents en tous points. S’il y a quelque chose que nous avons en commun, c’est notre calme, notre patience (Abel : il y a tout de même une différence…). Oui, c’est vrai, même sur ce point commun, nous sommes différents. La patience et le calme d’Abel sont des qualités qui font de lui un homme à l’écoute, tandis que moi, c’est le dernier adjectif qui pourrait me qualifier…

"Qu'est-ce que l'homme ?"



"Brutalité, force, faiblesse
Superficialité, beauté, laideur."


. : ~ ) ¤ ' Physiques ' ¤ ( ~ : .


Juger l'esprit par le
corps est une erreur, mais si ce préjugé existe, c'est qu'il existe des
êtres auxquels il peut s'appliquer.

Abel


Fine, discrète, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier l'allure de mon Contractant. Physiquement, il ne possède aucun atout majeur pouvant lui permettre de s'imposer par la force (Enael : un peu de douceur dans ce monde de brutes...). Sa force serait, approximativement, équivalente à la mienne si j'étais capable de manifester physiquement ma présence dans ce monde. En effet, Enael n'est pas non plus aussi faible que pourrait l'être quelqu'un ayant passé les trois quart de sa vie dans des bouquins, le Terrien ayant quand même expérimenté divers sports jusqu'à son âge actuel. Toutefois, cela ne se voit en rien dans son physique puisque certains sont même allés jusqu'à le confondre avec une femme (Enael : ils avaient besoin de lunettes, hein...), par son physique légèrement androgyne. Mais il se défend bien mieux par la parole que par la force.
Rien que son regard ambré pourrait vous transpercer si vous vous trouviez en face d'un Enael de mauvaise humeur. Les yeux sont le miroir de l'âme dit-on, et avec raison. Peu de joie se manifeste par cet œil unique d'une couleur aussi peu commune, mais que peu de personnes osent lui faire remarquer (Enael : tu dis ça, mais c'est la première remarque que tu m'as faite en me voyant...). En fait, tout le charisme de mon Contractant (Enael : si j'en possède, je n'en suis pas réellement sûr...) s'exprime par son visage aux traits fins. Peu ont vu sourire Enael, et la froideur qui se dégage de son expression faciale dissuade souvent ses interlocuteurs de s'ouvrir à cet individu associable qu'est mon Contractant. Et si sourire il y a, il est en principe de mauvais augure...
Sa chevelure noire aux reflets d'acier est directement héritée d'une mère qu'Enael voit aussi souvent que les Anges du Paradis, c'est-à-dire, jamais, tombe de manière irrégulière son visage, masquant partiellement son œil gauche constamment pansé.
Venons-en, à cet œil, qui donne un visage on ne peut plus particulier à mon Contractant. Comme on pourrait le deviner, Enael est aveugle de l'oeil gauche, mais non pas par naissance. En effet, cette cécité partielle lui vient d'un accident... dont je suis en partie responsable (Enael : ou pas...). Si Enael masque cette blessure, ce n'est pas pour des prunes : il se trouve en dessous de ce pansement une blessure qui provoquerait le dégoût de quiconque la verrait...
Pour finir, voir Enael vêtu de rose reviendrait à voir le panthéon de tous les Dieux Vespériens descendre sur Terre. Mon Contractant affectionne les teintes sombres lorsqu'il s'agit de se vêtir (Enael : même quand il s'agit d'autre chose... et puis, rouge sombre, vert foncé, c'est pas sombre... non ?), et porte ainsi la plupart du temps des vestes de cuir noir associées à des jeans de teintes toutes aussi joyeuses...


Spoiler:

- ° . : ~ O ~ : . ° -


Ne vous attendez pas à une éloge physique de mon Contractant, il n'en sera rien.
Enael


De taille moyenne, Abel n'a pas un physique extravagant, il est ce qu'on pourrait qualifier un jeune homme de 16 ans plus que normal - et Vespérien, hein. N'étant ni soldat, ni paysan, il ne possède ni une musculature développée pour la guerre, ni un corps constitué uniquement de peau et d'os (Abel : enfin, faut pas abuser, y'a d'autres trucs aussi). En effet, le jeune homme possède ce que l'on pourrait appeler une carrure normale qu'a la plupart des jeunes hommes de seize ans pratiquant un peu de sport, mais sans plus. De ce fait, on ne peut pas dire que mon Contractant soit d'une très grande aide au combat, comme il aurait pu l'être s'il avait été un soldat. De toute façon, je doute qu'en tant qu'être immatériel, il puisse agir physiquement sur ce qui l'entoure, question de se défendre ou non. Sa seule utilité présente est pour le moment son pouvoir, et c'est bien dommage...
Sa chevelure brune est coupée court, afin de ne pas le gêner, et ses yeux noisettes reflètent la pureté de son cœur, bien que celle-ci ait légèrement tendance à se laisser influencer par mon caractère (Abel : c'est que c'est influent, un caractère de cochon...). De nature sociable (Abel : pas comme un autre...), Abel garde toujours un sourire aux lèvres, loin d'être niais, mais plutôt engageant. Par ailleurs, dans ce sport, il semble être bien meilleur que moi... (Abel : et si t'abandonnais le sport de glaçon ?).
Côté vestimentaire, mon Contractant se vêtit d'une tunique large réservée aux apprentis prêtres du culte de Selkh l'Eternelle dans le temple dans lequel vivait Abel avant de me rejoindre. Celle-ci est composée d'un haut bleu ciel doté d'une capuche et brodés de motifs d'un bleu plus foncé. Le bas quant à lui est un simple pantalon marron descendant un peu plus haut que les chevilles (Abel : ouais, bon, c'est complexe, vous faire un dessin serait plus facile...). Par-dessus le haut vient se rajouter une sorte de cape partielle et blanche bordée de doré, attachée à l'aide d'une pierre rouge et ronde... Enfin, de toute façon, s'il arrive qu'un jour Abel soit visible au monde entier, je lui prêterai immédiatement des habits corrects... (Abel : hey ! d'où c'est pas correct ?) et plus faciles à décrire.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:26

__________________
. : ~ ° ‘ Histoire ’ ° ~ : .
__________________

Tout n’a fait que commencer à partir d’un rêve. Le rêve d’un autre.

Confusion, exaltation, curiosité, peur, effroi, hésitation… Le Contractant qui commence à créer un lien avec un habitant de l’autre monde ressent généralement tout ceci. Et l’on devine toujours cette question : ‘pourquoi ? pourquoi moi ? pourquoi pas un autre ?’ Même si je ne peux pas lire les pensées, je peux, parfois, les deviner aisément.

Vient ensuite la joie, ou le désespoir. Il y a ceux qui regrettent. Et ceux qui ne regrettent pas. Ou bien les deux à la fois.


Die Ironie…
A chaque fois que j’ai le malheur d’entrer en contact avec un Contractant, je connais leurs sentiments. Et en dépit de ce pouvoir, nous ne sommes pas une exception…

Tout n’a fait que commencer à partir d’un rêve. Nous aussi, nous nous le sommes dit. Le rêve d’un autre. L’histoire d’un autre…

- ° . : ~ O ~ : . ° -

Enael Wilhelm Luther Weisheit. Un patronyme à en faire soupirer de découragement plus d’un, son porteur le premier. Pourtant, mine de rien, Enael y tient.

‘Un nom, qu’il nous plaise ou non, m’a-t-il dit, cela fait partie de nous-même. C’est pour cette raison que tu te mettras bien dans le crâne l’entièreté du mien, Til’Aria.’

Je vous dis, quelle désillusion… Heureusement que je croyais que c’était un vrai rêve, au début… (Enael : eh, t’es sensé faire une introduction, pas autre chose…). Ahem, bref, je disais donc, Enael Wilhelm Luther Weisheit, n’a pas toujours été le glaçon froid (Enael : pléonasme, très cher…) et distant qu’il est aujourd’hui. Non, à la base, ce n’était qu’un enfant au cœur pur et empli de bonnes intentions. Mais le monde a tendance à façonner l’homme, d’une manière irréversible. Comment ? Eh bien, commençons par le commencement… Par tout ce que j’ai vu en rêve. Vous savez, tout ce qu’une pré-Contractant voit durant ses nuits, ce qu’il croit être de simples rêves, qui montrent les souvenirs de la vie d’un autre… Dans un monde étrange, empli d’engins insolites et de mœurs on ne peut plus bizarres… enfin, d’un point de vue vespérien.

Laissez-moi vous replonger dans mes rêves, dans la vie d’Enael… Wilhelm Luther Weisheit.




Abel Til’Aria. Il a beau dire que mon patronyme est des plus tordus, il peut parler... Mais lui n’a pas l’air d’y tenir autant que moi. D’ailleurs, il ne m’a que vaguement répliqué qu’Abel était mieux que Til’Aria, et qu’il était plus commun à Vespéria d’appeler les gens par leur nom que par leur prénom.

Et c’est là que j’ai compris que j’avais affaire à quelqu’un qui m’était magistralement opposé… mais issu de mon imagination, dans un rêve quoi. Cette personne était une personne plutôt réservée, polie et honnête. C’est seulement à mon contact qu’il s’est perverti, vous savez… et pas dans un sens tordu, s’il vous plaît. Comme Abel l’a dit précédemment, le monde façonne l’homme… Pour Til’Aria, je suis le monde. Mais avant même d’évoquer cette partie-là de notre relation, il faut voir les choses à leur commencement. Ce qui égayait mes nuits avant qu’Abel ne se lie de manière définitive à moi.

Pénétrez mes songes… l’histoire d’Abel Til’Aria, ancien adorateur de Selkh l’Eternelle.

_____________________
. : ~ ° ‘ Innocence ’ ° ~ : .
_____________________

Comment compte-t-on déjà ? Ah oui, il me semble que c’est cela… 1er Février 1991.

C’est ce jour-ci, à 9h41, qu’Enael Wilhelm Luther Weisheit vint au monde. Il neigeait, paraît-il. Vous savez, les souvenirs de la naissance n’existent pas chez l’être humain, et les détails de ce genre ne sont appris que par les gens qui vous entourent, ou plutôt, les gens qui l’entourent. Lui, Enael.

Dans le pays d’origine de la mère d’Enael, la Chine, elle n’avait jamais eu l’occasion de voir de la neige. Son nom, c’est Yuan. Enfin, c’était, pour Enael. Pour lui, sa mère est morte. Certes, elle est toujours vivante, mais la Yuan de son cœur est morte. Pour toujours.
Yuan était une femme d’exception, dans tous les sens du terme. Pour elle, voir la neige qui la fascinait tant tomber le jour de la naissance de son premier fils était un signe du Ciel. Sa vie jusque-là avait été tout sauf ordinaire, et elle croyait ainsi que son fils allait être comme elle, un être d’exception. C’est pour cette raison qu’elle Enael comme premier prénom. Un prénom très peu commun, surtout en Allemagne, là où elle s’était établie avec son mari, où elle croyait qu’elle allait faire de sa vie un bonheur, et c’était déjà bien parti.

Yuan, mesurant un bon mètre quatre-vingt, ce qui est plutôt rare chez les Asiatiques il paraît, chevelure soyeuse et d’un noir acier, yeux de la même teinte, traits fins, carrure fine, atouts féminin conséquents. Tel était le portrait physique de la mère d’Enael en quelques mots. Le comble du comble, c’était qu’elle était adroite comme pas permis, et que sa souplesse lui avait permis justement d’être reconnue comme grande gymnaste chinoise. Dommage qu’Enael soit pas aussi doué avec ses mains et ses pieds… (Enael : eh, oh, j’suis pas sensé intervenir, mais si tu continues…). Bref, son talent lui valut d’être reconnue par nul autre que le père d’Enael qui n’était nul autre que… devinez quoi, après la mère gymnaste…

Herr Weisheit avait été invité à Pékin pour traiter d’affaires avec un entrepreneur chinois, qui, avant de parler affaire, avait invité l’Allemand à voir le championnat local de gymnastique de je ne sais plus quand – retenir toutes ces dates terriennes, c’est plutôt difficile pour un Vespérien… Et c’est bien évidemment par ce championnat que Herr Weisheit tomba sur Yuan, gymnaste du Sud de la Chine, d’une beauté remarquable. Peut-être que vous pensez qu’il y eut un quelconque coup de foudre… mais non. Ce qui attira l’attention de Herr Weisheit fut bien évidemment la beauté de sa future femme, mais non pas pour lui vouer un amour fou, mais pour tirer profit de ses capacités. Pour vous éclairer sur le sujet, Herr Weisheit était – là aussi, il a droit au passé – un grand entrepreneur dans le domaine de ce que les Terriens appellent la mode. Son influence n’était pas comparable aux plus grands entrepreneurs de l’époque, mais il commençait à acquérir une certaine renommée, et, indubitablement, un peu plus d’importance à chacun de ses nouveaux succès. C’est donc en vue de faire du Yuan autre chose qu’une simple gymnaste que Herr Weisheit alla la voir après le championnat, et après ses accords passés avec l’homme d’affaire chinois qui l’avait invité dans son pays.

Par ailleurs, le père d’Enael n’était pas le seul à s’émerveiller de la beauté de Yuan, aussi arracher la jeune femme des griffes de ses parents et de son village ne fut pas une mince affaire. Usant de la cupidité humaine, Herr Weisheit réussit à ramener avec lui la jeune Yuan en Allemagne. L’innocence d’Enael naquit par de la cupidité…
Une fois en Allemagne, Yuan débuta une carrière de mannequin, guidée par son futur époux qui ne faisait qu’utiliser la Chinoise pour sa publicité, et rien de plus. Yuan et Herr Weisheit avaient trouvé un statut quo : l’une profitait des financements de l’autre pour se construire une carrière on ne peut plus prometteuse, et l’autre profitait de la première pour accroître sa propre popularité, et celle, accessoirement, de ses propres produits. Toutefois, seules deux années se déroulèrent dans ce parfait statut quo. En effet, les parents de Yuan ayant constaté la célébrité croissante de leur fille, réclamèrent le retour de Yuan en Chine par l’intermédiaire de l’ambassade chinoise allemande. Yuan n’ayant pas la nationalité allemande, son retour dans son pays d’origine était légitime, même si ni elle ni Herr Weisheit ne le souhaitaient. Ce qu’ils firent donc, c’est de se marier, afin d’empêcher la famille de Yuan d’avoir encore quelques droits sur sa personne. Si je me souviens bien de ce que m’a raconté Enael, Yuan avait dix huit ans à ce moment là, et son père en avait trente et un. Ce qui, je trouve, était plutôt bizarre, mais bon. Apparemment, ils étaient prêts à tout l’un et l’autre pour ne pas renoncer aux atouts que leur conférait la présence de Yuan en Allemagne. Il faut d’ailleurs bien s’imaginer que cette dernière, après avoir goûté le luxe grâce à Herr Weisheit, n’était pas vraiment encline à repartir pour un pays en voie de développement, où ses parents vivaient dans une modestie incomparable au luxe que lui offrait Herr Weisheit. D’autant plus que ces parents qui réclamaient son retour étaient ceux qui l’avaient vendue à un étranger pour une somme avec un bon nombre de zéro avant la virgule.

Le mariage fut factice, les sourires furent factices, les baisers furent factices. L’un et l’autre étaient habitués à adopter une expression faciale complètement à l’opposé de leurs sentiments. Yuan, comme moi, trouvait Herr Weisheit trop vieux pour elle, et lu avait d’autres préoccupations que l’amour d’une femme avec laquelle il s’était marié par intérêt. Elle prit le nom de Weisheit, mais il fallut quelques années encore avant que l’un commence à éprouver des sentiments pour l’autre. Au cours des ans, Yuan ne perdait rien de sa splendeur, et l’intérêt économique que Herr Weisheit manifestait pour elle se transforma peu à peu en admiration devant la beauté de sa femme, et puis, pour finir, en amour. Yuan quant à elle avait développé de l’affection pour celui qui prenait soin d’elle chaque jour, qui lui offrait un luxe qu’elle n’aurait jamais eu si elle n’était pas tombé sur lui. Cette affection devint-elle de l’amour à son tour ? Personne ne le sait. Mais concevoir un enfant requérait un minimum de sentiments amoureux de la part de Yuan pour le père d’Enael. Leurs folies amoureuses ne durèrent pas longtemps, et il en résulta la naissance d’Enael Wilhelm Luther Weisheit, le 1er février 1991 – d’ailleurs, le père Weisheit avait lui aussi un nom à rallonge, mais il est trop long à écrire et Enael n’a pas fait de demandes particulières à ce propos…

Pendant neuf ans, Enael ne sut rien du pourquoi du comment ses parents étaient mariés, et pour quelle raison leur différence d’âge était si flagrante. Je tiens d’ailleurs à préciser que tout ceci, je l’ai appris par mes rêves, même si mon Contractant n’était né. En effet, il a bien fallu qu’un jour quelqu’un lui explique tout ceci, et ce jour marquant s’est bien évidemment imposé à moi dans mes rêves…


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:49, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:28

_____________________
. : ~ ° ‘ Innocence ’ ° ~ : .
_____________________

Même derrière l'innocence se cache le vice...
- ° . : ~ O ~ : . ° -

Je vis l’enfant se présenter au portail, un sourire innocent flottant sur ses lèvres. Par je ne savais quel miracle, le portail s’ouvrit tout seul devant lui, alors qu’il n’avait rien fait. Maintenant, je crois comprendre : il y avait une caméra, accrochée sur l’un des piliers du portail de fer noir, permettant d’identifier quelle personne souhaitait pénétrer dans la demeure. Comme habitué à cette entrée chaque soir de la semaine, l’enfant ne s’en étonna guère, mais adressa un petit coucou à la caméra accrochée au pilier et pénétra dans la demeure. Ou plutôt, dans l’enceinte de la demeure, cette dernière ne se trouvant que plusieurs mètres plus loin au bout d’une allée pavée de dalles au style ancien. La demeure était construite dans le même style, et évoquait d’ailleurs plus un manoir qu’une demeure moderne. Et qui dit manoir, dit grande bâtisse, bien évidemment… On pouvait aisément deviner qu’il appartenait à une riche personnalité dans le monde des affaires. Un grand jardin s’étendait tout autour du manoir, verdoyant, et entretenu par différents employés. Enfin, habituellement. Ce jour-là, il n’y avait pas un chat, pas un employé auquel l’enfant pouvait faire un signe de la main comme il avait l’habitude de le faire, avec un sourire empreint de la candeur caractéristique des enfants. Ce sourire même qu’il avait arboré en faisant un signe à la caméra avant de s’avancer sur l‘allée pavée menant à la porte à double pan, faite de bois, du manoir.

Cette absence de personnel inquiéta légèrement l’enfant, qui ne se départit toutefois pas de son sourire. Si cela se trouvait, le jardinier du jour était malade, et il se ferait un plaisir d’aller le voir et de lui apporter des fleurs si l’homme se retrouvait cloué au lit par une quelconque maladie. Cette naïveté était telle qu’elle m’impressionnait… voire m’horrifiait. Car, sans que je ne le sache vraiment comment, je sais tout ce qu’a pensé et ressenti cet enfant lorsque cela s’est passé. En fait, c’est un peu comme si j’avais vécu un souvenir, à travers lui… Réajustant son sac sur son épaule, l’enfant continua d’avancer sur cette fameuse allée dallée, qui me rappelait les dalles qui se trouvaient sur la route menant à l’endroit où j’ai passé toute ma jeunesse… Bref, sans s’inquiéter outre mesure, l’enfant parvint aux marches de pierre précédant la porte d’entrée, et, visiblement habitué à la pompe des lieux, poussa les deux battants de la porte sans trop forcer pour enfin pénétrer dans le manoir qui s’avérait être sa demeure. Quand il pénétra dans le hall d’entrée, il constata que, là non plus, il n’y avait personne pour l’accueillir. Loin de s’en formaliser, il s’avança jusqu’à l’escalier central menant au premier étage, se demandant si les employés avaient tous chopé le même virus et qu’il serait obligé d’apporter quantité de fleurs… Enfin, en principe, les employés lui donnaient des bonbons en retour, alors il n’y avait pas de quoi se plaindre… même s’il préférait vaguement les chocolats aux bonbons que lui donnaient les employés, et non pas les chocolats complexes que lui ramenait son père ou sa mère, mais du chocolat au lait tout simple, sous forme de tablettes. De par ses préoccupations, je voyais bien que cet enfant était un… enfant. Innocent, pur, et naïf. Aucun malheur du monde ne l’avait encore touché, et il vivait sa vie insouciant, sans vraiment penser à ce que l’avenir pouvait lui réserver.

Cet enfant était on ne peut plus sociable. Apprécié par ses proches et ses amis, il était loin d’être isolé en dépit de son ascendance baignant dans le luxe. Il était tel que l’avaient désiré Herr Weisheit et Yuan Weisheit, un enfant grandissant dans la plus grande des insouciances tout en le promettant à un avenir brillant. Rien à voir avec l’actuel Enael Luther Weisheit… Et c’était là où je voulais en venir, en évoquant une ressemblance entre lui et moi.

Parvenu au premier étage, l’enfant s’engagea dans le couloir de gauche, dont le sol était couvert par une tapisserie couleur ocre. Il poussa une petite exclamation du genre ‘oups’ et s’empressa d’ôter ses chaussures noires et de les porter dans sa main droite avant de poursuivre son chemin, tout en se délectant du contact avec la douceur du sol. Légèrement étourdi, il avait oublié les instructions de ses parents, qui souhaitaient garder la tapisserie un minimum propre, et qui avaient donc imposé comme règle d’ôter ses chaussures lorsque l’on était amené à y poser ses pieds. Jetant quelques regards furtifs autour de lui, l’enfant veilla à ce que personne ne l’ait pris en flagrant délit, tout en continuant sa progression jusqu’à une porte qui s’avérait être celle de sa chambre. Il l’ouvrit et posa machinalement sa paire de chaussure à droite de l’entrée. Relevant les yeux tout en se redressant, il stoppa son geste et laissa tomber l’une de ses chaussures, sans se préoccuper du fait que celle-ci soit atterrie sur le côté. Surpris, l’enfant constata que ses affaires n’étaient plus présentes dans sa chambre et que les draps du lit avaient été enlevés. Il s’avança, laissant tomber son sac et promena un regard inquiet sur sa chambre. Les étagères étaient vides, le bureau tout autant. Il s’approcha de l’armoire et l’ouvrit, constatant que ses habits avaient eux aussi disparu.

- Ah, Wilhelm, tu es rentré, fit une voix derrière lui.

L’enfant sursauta puis se retourna vivement, laissant la porte de l’armoire ouverte. Il avait reconnu la voix de son père, mais il avait peur d’avoir été pris en flagrant délit… de quoi, allez savoir. Peut-être que ses affaires n’étaient plus là parce qu’il avait fait une bêtise… ou que ses parents avaient décidé de le faire changer de chambre… Il était impossible qu’il y ait eu un vol, le système de sécurité était trop performant, et il le savait pour avoir essayé de faire rentrer sans autorisation l’un de ses camarades de classe en lui faisant sauter le mur du jardin – il n’avait d’ailleurs plus jamais tenté de le faire… Son père se tenait dans l’encadrement de la porte, vêtu, comme à de rares occasions, de vêtements normaux, et non pas d’un costar cravate qu’il portait habituellement, et qui lui donnait une certaine présence et qui intimidait l’enfant. Mais cette fois-ci, il avait l’air d’être quelqu’un de tout à fait normal, le jean et le blouson de cuir lui donnant un tout autre air, et il avait l’air beaucoup plus accessible. Toutefois, l’enfant s’inclina légèrement tout en prononçant :

- Bonjour, Père.

Se redressant, il vit que son paternel s’était avancé vers lui et lui tendait les bras. Comprenant tout de suite la signification de ce geste, l’enfant ne chercha pas midi à quatorze heure et s’élança pour finir dans les bras de son père, qui était habitué à ce genre de démonstration affective, même après un salut aussi protocolaire. Quant au fait que son père l’appela par son second prénom… cela ne le perturbait pas plus que cela, puisque ses parents aimaient bien user des trois prénoms qu’ils lui avaient donné à la naissance, même s’il voyait bien que son père avait une légère préférence pour Wilhelm et Luther tandis que sa mère affectionnait plus particulièrement Enael. Ce qui n’était pas vraiment étonnant, puisque les deux premiers faisaient beaucoup plus allemand que celui choisi par Yuan Weisheit… Son enfant toujours dans ses bras, le paternel alla s’asseoir sur le lit dénué de draps, puis s’adressa à son enfant :

- Tu sais Wilhelm, Yuan et moi t’avons aimé depuis le jour où tu es né… Nous avons souhaité t’apporter la meilleure éducation possible, ainsi que toute notre affection, et c’est pour cette raison que nous t’avons inscrit dans une école ni trop prestigieuse, ni de bas étage. Nous t’avons permis d’avoir des fréquentations te convenant, tout en nous assurant que tu serais promis à un avenir brillant, ce que tu nous as montré par tes résultats…

L’enfant acquiesça en silence, d’un mouvement de la tête. Il était clair que dans un établissement prestigieux, il ne se serait pas senti aussi heureux qu’il l’était à présent, l’éducation de ces lieux étant trop stricte et trop pompeuse. Et ses parents avaient pris soin à ce qu’il ne fréquente pas des enfants issus de la classe la plus basse de la société. Par ses résultats, il faisait partie des meilleurs de la classe, voire de l’école, et son cursus scolaire se déroulait à merveille. Il avait même été autorisé à sauter une classe. Du côté de ses parents, ceux-ci ne manquaient pas de le choyer et de le féliciter, et de lui apporter tout leur amour. Il n’avait donc pas de quoi se plaindre.

- Nous voulions te destiner à un avenir aussi prestigieux que le nôtre fut.

Encore une fois, l’enfant ne dit rien, et se contenta d’écouter, même si une chose l’intriguait. Pourquoi son père parlait-il au passé ? S’était-il passé quelque chose ? Même si c’était le cas, il ne se doutait pas qu’il était arrivé quelque chose de grave, et il supposait que son père voulait juste lui témoigner de son amour et de son affection pour qu’il ne les oublie pas.

- Je suppose que tu souhaites savoir quel fut notre parcours avant d’arriver à notre situation actuelle, à Yuan, et à moi. Mais avant cela, j’ai deux choses à te dire. Ecoute-moi bien attentivement.

L’enfant s’exécuta, ne bougeant pas d’un poil et portant une oreille attentive à ce qu’allait dire son père. Il avait toujours été curieux de savoir comment ses parents s’étaient rencontrés, s’étaient aimé, et l’avaient conçu, lui, leur fils. L’enfant s’était toujours imaginé une belle histoire d’amour entre une jeune fille admirant un homme beaucoup plus âgé, et ce dernier faisant fi de la différence d’âge pour n’obéir qu’à l’amour. Ce n’était pas sans dire que l’imagination de l’enfant était débordante, et que ses camarades de classe s’étaient eux aussi imaginé avec lui la manière dont tout s’était passé…

- Nous déménageons.

Même s’il fut surpris par une telle révélation, l’enfant ne protesta pas. Pourquoi pas, après tout ? Ses parents avaient peut-être trouvé une demeure un peu moins grande, dans laquelle il se perdrait un peu moins, mais tout aussi belle. C’était par ailleurs par cet événement que s’expliquait la disparition de ses affaires et des employés, qui avaient peut-être déjà dû trouver leur place dans leur nouvelle demeure, dont l’enfant avait hâte de voir la figure. En espérant que cette dernière ne soit pas trop loin de son école actuelle, afin qu’il puisse rester avec les amis de son établissement… Herr Weisheit marqua une légère hésitation avant de continuer, puis il se jeta à l’eau.

- Ta mère est partie.


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:49, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:29

_____________________
. : ~ ° ‘ Innocence ’ ° ~ : .
_____________________

- ° . : ~ O ~ : . ° -

Peu importent les dates… Elles ne semblent pas être si importantes sur Vespéria que sur Terre, ce qui, quelque part, est compréhensible. Vespéria est un monde proche du Moyen-Âge, et il me semble que les hommes ordinaires à cette époque ne se souciaient pas vraiment de la date, de la semaine. Quoique, ils doivent quand même se soucier du mois et de l’année… Enfin bref, j’en sais strictement rien, puisque notre cher Abel Til’Aria ne faisait pas du temps l’une de ses principales préoccupations (Abel : pas de ma faute si t’es ponctuel…). Tout cela pour dire que j’ignore le jour exact pendant lequel mon Contractant est venu à la vie, la seule chose que je sais à peu près est son âge, qui avoisine les 17 ans. Plus jeune que moi le coco… Enfin bref, le coco en question est né à Ys, la capitale d’Elliana, l’une des grandes nations vespériennes ayant presque la moitié de son territoire situé en montagne. Ys se trouve d’ailleurs au pied de la chaîne de montagne séparant Elliana et Phoenixia, mais je pense que je ne vous apprends rien… Tout cela pour dire que notre cher Abel est un montagnard dans l’âme… ou presque.

En tout cas, ses parents l’étaient. Sa mère était éleveuse d’un troupeau de chèvres dans la chaîne de montagne d’Elliana, et habitait ainsi une demeure légèrement isolée, située un peu plus en hauteur, de laquelle elle pouvait aisément apercevoir la capitale Ys en contrebas. Toutefois, elle n’habitait pas seule : son frère cadet était aussi présent dans cette petite demeure montagnarde, dans laquelle elle pensait qu’elle allait vivre, vieillir, et mourir, en tant qu’éleveuse de chèvres. L’été, elle et son frère prenaient soin de leur troupeau de chèvres en les emmenant paître, tout en veillant à avoir des productions de lait suffisantes afin qu’ils puissent gagner leur vie en vendant leur marchandise dans la capitale, en contrebas. Leur production leur suffisait à la fois à subvenir à leurs besoins en été, mais aussi en hiver, pendant lequel les chutes de neige leur empêchait toute activité et les obligeant à faire des provisions pendant l’été. Certes, ils ne vivaient pas dans le luxe du luxe, et certains auraient pu qualifier leur situation de précaire, mais ils étaient heureux de cette situation.

Le père quant à lui était mineur. Les montagnes d’Elliana abritaient de précieux métaux que les habitants du pays veillaient à exploiter au mieux qu’ils le pouvaient, faisant des minéraux et métaux l’une des premières ressources du pays, servant à l’économie d’Elliana de se distinguer. Différentes ressources pouvaient être extraites dans les montagnes d’Elliana, et le père d’Abel en exploitait une en particulier : le cuivre. Utile pour un tas de chose, ce métal lui permettait de gagner sa vie au prix d’un travail harassant, puisque c’était bien connu que les mineurs avaient un travail difficile. Homme bourru et musclé, haut d’un grand mètre quatre vingt – dont Abel n’a pas hérité – il aimait passer ses soirées dans les tavernes de la capitale, où il revenait chaque soir, la mine dans laquelle il travaillait n’étant pas vraiment loin de la ville. Mine de rien, cet homme était déjà marié avant de rencontrer la mère d’Abel, aussi ne peut-on pas dire que mon Contractant soit issu d’une bonne intention telle que l’amour d’une femme. Non, ce serait plutôt sous le signe de la tromperie que Abel a vu le jour, tout comme j’ai vu le mien sous celui de la cupidité.

Erklärungen…

Le père Til’Aria revenait, comme chaque soir, de la mine de cuivre, alors que le soleil se couchait. Au lie d’aller gentiment rentrer au foyer où sa femme et ses enfants l’attendaient, il décida d’aller faire un tour à la taverne du coin, comme à son habitude. Pendant ce temps-là, la mère d’Abel traînait encore dans les rues en train de chercher quelques affaires et négocier le prix de son lait de chèvre, ayant prévu de rentrer tard en raison des nombreuses tâches qui l’attendaient à Ys. Et pendant qu’elle courait à droite et à gauche en tentant de garder au mieux son calme et de régler toutes ses affaires au plus vite, le bon vieux Til’Aria se bourrait tranquillement la gueule à coup de bières. Lorsqu’il sortit de sa beuverie, il ne savait presque même plus faire la différence entre une femme et une chèvre… Alors quant il croisa la mère de notre Abel, forcément, les ondes ne passèrent pas très bien, et le résultat est sous vos yeux : Abel Til’Aria. Enfin bon, un peu d’éclaircissements ne peut pas faire de mal, sans pour autant rentrer complètement dans le détail. La mère d’Abel était une femme au fort caractère, aussi ne put-elle s’empêcher d’y aller fort avec l’homme saoulé qu’elle croisa tard dans les rues d’Ys en lui donnant une claque pour le dissuader de draguer les premières venues avec un esprit aussi peu lucide. Le ton monta, les deux protagonistes s’échauffèrent, et en résultat un viol en plein dans les rues de la capitale, d’une jeune femme qui n’aspirait q’à une vie tranquille par un homme sous l’influence de l’alcool, et qui, pour tout vous dire, n’était pas lucide pour deux Euros. Le père Til’Aria avait beau être un alcoolique habitué, il n’avait pas l’âme d’un criminel, et ce viol s’avérait être parfaitement accidentel, si bien qu’il doit encore en avoir honte à l’heure qu’il est – et si il est encore en vie…

Ce fut toute échevelée que la mère d’Abel regagna sa demeure montagnarde sous le regard intrigué et inquiet de son frère cadet auquel elle ne révéla rien de ce qu’il s’était passé la veille, si ce n’est qu’elle avait dû dormir dans les rues d’Ys puisqu’il s’était avéré que l’heure était trop tardive pour rentrer le soir même. Ce ne fut que lorsque le père Til’Aria vint rendre visite à la mère d’Abel que le frère cadet de cette dernière apprit tout de ce qu’il s’était passé, et qu’il voulut par ailleurs chasser le mineur de cuivre à coups de bâton de berger. Toutefois, le violeur improvisé était tellement en proie aux remords que la mère d’Abel le prit en pitié et l’hébergea chez elle, puisqu’il avait été chassé de sa maison d’Ys lorsque sa femme avait appris ce qu’il avait fait. Les coups de bâton, il avait déjà assez donné – ou plutôt, reçus. Ce n’est pas pour autant que les parents d’Abel s’aimèrent comme les miens s’aimèrent. Le père allait toujours à la mine de cuivre, afin de gagner de l’argent pour pouvoir rester chez la mère d’Abel, tandis que le frère de cette dernière continuait à s’occuper des chèvres. La jeune femme quant à elle dut s’occuper de l’enfant auquel elle fit voir le jour, et auquel elle donna le nom d’Abel.

Tout comme moi, ce dernier grandit dans l’innocence, tout du moins, jusqu’à l’âge de sept ans. Il apprit vaguement à s’occuper des chèvres, et à faire sourire sa mère même s’il était le fruit d’un accident. Toutefois, cette dernière gardait encore trop de rancune envers son fils et envers le père Til’Aria qu’elle finit par ne plus savoir que faire, jusqu’au jour où son frère aîné vint lui rendre visite, surpris par le fait qu’il y ait autant de monde dans la petite demeure de montagne. Subvenir aux besoins d’Abel en plus de ceux des autres n’était pas facile pour le petit comité composé d’une femme et de deux hommes, qui appréciaient plus ou moins le jeunot. La mère ne ressentait qu’un démêlé complexe de sentiments où se mêlaient l’amour maternel et la rancune. Le père voyait en Abel la punition pour son crime, et de ce fait, ne parvenait pas à l’aimer. Et le frère cadet de la mère, qui était celui qui prenait le plus soin de l’enfant, ressentait en majeure partie de la pitié pour cette enfant, auquel il inculqua l’honnêteté et la droiture. Le frère aîné, donc, fut surpris du remue-ménage qui changeait la maison de son enfance, et constata bien que la présence de l’enfant causait un trouble parmi cet ensemble hétéroclite de gens forcés à vivre ensemble à cause de cet enfant. Etant adepte de Selkh, l’Eternelle, et officiant dans un temple perdu au milieu des montagnes d’Elliana, le frère aîné proposa à sa sœur de prendre en charge l’enfant dans ledit temple, avec d’autres disciples qui apprendraient la voie de Selkh en même temps que lui.

Etant très pieuse, la jeune femme n’hésita pas à confier son enfant à son frère aîné, en lequel elle avait parfaitement confiance. Cet homme avait quitté la demeure à l’âge de ses 18 ans pour se consacrer au culte de la déesse Selkh, et n’hésitait pas à présent à prendre Abel sous son aile afin qu’il devienne comme lui. La demeure de montagne fut donc soulagée d’un occupant, le plus jeune, qui partit avec son oncle en vu de devenir un adepte de l’Eternelle. En ce qui concerne son père, sa mère et son autre oncle, il paraîtrait que ces deux derniers vivent encore tranquillement de nos jours, et que le premier avait fini par quitter la demeure, pour aller on ne sait où… Les rêves ne le disent pas.

L’endroit où vécu Abel pendant une dizaine d’années était un lieu très clos, dont les occupants subvenaient à leurs propres besoins par la culture de la terre, comme le faisaient les moines du Moyen-Age dans les abbayes… même si ces derniers suivaient des règles beaucoup plus strictes que celles appliquées au temple de Selkh paumé au in fond des montagnes d’Elliana. Bien entendu, cet édifice n’était pas le seul endroit où le culte de la déesse était célébré, aussi tous ceux qui l’occupaient menaient une vie plutôt tranquille, accueillant de temps en temps certains pèlerins. Ceux qui étaient éduqués en cet endroit étaient destinés à devenir prêtres de Selkh. Abel fut donc élevé dans cette optique, contraint d’abandonner les rares acquis d’éleveur qu’on lui avait inculqués lorsqu’il était chez sa mère. Il appris à la place la lecture, l’écriture, les mathématiques et les sciences, le tout dans une optique purement religieuse. De plus, Selkh étant née, selon les Vespériens, du désir de vivre, ses adorateurs se devaient d'avoir les aptitudes de défendre leur propre vie en hommage à l'Eternelle, un combat représentant pour eux une lutte menée par le désir de vivre. On inculquait donc dès l’âge de onze ans les bases du combat aux jeunes qui étaient élevés en ce lieu, et qui, dès ce même âge, prenaient le statut de disciple. C’est pour cette raison que notre cher Abel a quelques notions de combat, qui, malheureusement, ne lui servent strictement à rien dans son corps immatériel, d’autant plus qu’il excelle plus ou moins dans l’art de manier le bâton… Le jour où il se matérialisera, je lui filerai un vague morceau de tuyau, si besoin est…

Au fil des ans, Abel perdait peu à peu contact avec ses parents, auxquels il n’envoyait plus que de rares lettres, de temps à autre, lorsque son oncle entreprenait un voyage vers la capitale d’Elliana. Mon Contractant ne songeait guère à voyager de lui-même pour s’enquérir des nouvelles de ses proches, le seul pour qui il s’inquiétait vraiment était, comble de l’ironie, son second oncle, la cadet de sa mère. L’aîné quant à lui passait la plupart de son temps au temple perdu au fin fond des montagnes, et il se mit à développer à son tour de l’affection pour son neveu, qui suivait comme il se le devait la formation de prêtre de Selkh dispensée en ces lieux. Pour tout vous dire, je doute qu’il y ait beaucoup d’endroits comme ceci à travers Vespéria, aussi mon Contractant menait une vie pas trop mal pour son monde. Tout ceci sans se départir des valeurs qu’on lui avait inculquées, dont une grande partie a tendance à m’exaspérer au jour d’aujourd’hui…


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:50, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:29

_____________________
. : ~ ° ‘ Ressentiment ’ ° ~ : .
_____________________

La porte du bâtiment s'ouvrit, laissant sortir la cinquantaine de disciples présents en ces lieux. Ils n'avaient qu'une seule envie : aller manger, bien que les plus pieux d'entre eux se contenaient et dévouaient toutes leurs pensées à la déesse Selkh, suite à cette prière générale du matin, qui avait été organisée plus tard que d'habitude, pour la simple et bonne raison que le haut prêtre chargé de la diriger ce jour là était en retard. Le haut prêtre en question, n'était nul autre que l'oncle d'Abel, qui était parti à Ys huit jours auparavant et qui devait revenir pour diriger la grande prière de ce jour-là. Il était juste rentré plus tard que prévu, de quoi faire crier de famine les disciples les moins pieux, dont Abel ne faisait heureusement pas partie, puisque ceux-là restaient en permanence dans le collimateur des hauts prêtres du lieu - et se faisaient méchamment laminer lors des cours d'arts martiaux. Abel, était resté en retrait, en compagnie de trois autres adolescents, qui étaient ceux avec qui il trainait la plupart du temps. A eux quatre, ils devaient faire partie de ceux qui étaient dans le petites papiers des hauts prêtres, bien que cela ne soit pas volontaire, leur foi en la déesse Selkh étant réelle, chose que je ne comprenais pas vraiment.

Ils se tournèrent tous les quatre vers la statue de la Grande Salle et positionnèrent leur mains l'une en dessous de l'autre, paumes face à face. Celle qui était en bas remonta en diagonale vers la droite, tandis que l'autre main faisait symétriquement la même chose - symétrie par rapport à un point, hein, et non pas axiale. Les paumes tournèrent lorsque les mains décrivirent une courbe pendant laquelle les deux mains se retrouvèrent momentanément face à face. Puis celle de droite descendit, puis remonta, et l'autre fit la même chose, toujours symétriquement. Les deux mains revinrent finalement au centre, dans la position à partir de laquelle elles étaient parties. Les mains toujours devant eux, les quatre adolescents s'inclinèrent, parfaitement synchro. Le huit couché, le symbole de l'Infini, de l'Eternel. C'était une manière rapide de rendre hommage à la déesse Selkh, l'Eternelle. Leurs mains s'abaissèrent, et ils se concertèrent du regard. Ils avaient beau croire en l'Eternelle, ils avaient quand même, comme tous les autres, faim. Ils sortirent donc à leur tour de la Grande Salle. Mais à peine le groupe descendait-il les marches menant aux portes du bâtiment, ils furent stoppés par le grand prêtre qui avait dirigé la prière du matin.

- Disciple Abel ! l'apostropha son oncle.

Le concerné se retourna, en même temps que ses camarades. Au sein de cet établissement spécial, l’oncle et le neveu ne s’appelaient pas de manière familière et respectaient la hiérarchie en dépit de leur lien de parenté, ce qui me rappelait un peu les relations des gens des hautes sphères de notre monde. D’ailleurs, peu étaient au courant de cette relation qui existait entre le disciple et le prêtre, histoire qu’il n’y ait aucune répercussions sur la formation d’Abel – vous savez, les histoires de favoritismes, ou tous les trucs du genre… En haut des marches se tenait l’oncle d’Abel, fier de son habit et de son bâton de prêtre, portant un regard bienveillant sur les quatre disciples dont la piété était exemplaire.

- J’ai à te parler, poursuivit le prêtre.

Les quatre adolescents se concertèrent du regard, comprenant que le prêtre en voulait particulièrement à Abel, et non aux trois autres qui l’accompagnaient. Pourtant, Abel leur fit un signe de la main signifiant ‘restez’ et planta son regard noisette dans celui de son oncle, sans toutefois adopter un comportement insolent envers son tuteur.

- Haut prêtre, ils ont droit de savoir, fit Abel.

Le naïf qu’était Abel avait assez confiance en ses amis pour qu’ils restent et apprennent ce que lui seul aurait dû normalement apprendre. Et l’oncle de mon Contractant eut la bêtise de ne pas écarter les autres en dépit de la volonté de son neveu. Mais après tout, ce dernier était le seul responsable de ce qu’il arriverait ensuite, c’était ainsi que pensait le haut prêtre, qui jugeait qu’Abel était assez âgé pour prendre des décisions seul. Et c’était d’ailleurs parce qu’il considérait Abel comme suffisamment âgé et mature qu’il était venu à lui en ce matin, après son excursion à Ys, durant laquelle il avait revu, probablement, sa sœur. Le haut prêtre descendit les marches et vint se placer à hauteur des quatre adolescents.

- Pas ici, leur signala-t-il.

Les quatre disciples opinèrent du chef puis suivirent le haut prêtre jusqu’à une chambre meublée de deux lits et d’un bureau, qui n’était autre que la chambre qu’Abel partageait avec son colocataire et ami, qui faisait partie des trois qui l’accompagnaient. Chaque adolescent prit place sur un lit, qui leur servait à présent de chaise, tandis que le haut prêtre s’assit sur la chaise qui était habituellement réservée à celui qui utilisait le bureau. Bureau sur lequel, d’ailleurs, régnait un bazar incroyable, entre feuilles et livres, plumes et encre. Abel et son colocataire auraient eu droit à un joli reproche de la part du haut prêtre si ce dernier n’avait, heureusement, pas mieux à faire.

- Abel, je ne t’ai jamais rien dit sur tes parents, et tu ne m’as jamais demandé pourquoi ils vivaient dans des conditions particulières, et surtout, pour quelles raisons ce fut mon frère qui fut obligé de te témoigner toute l’affection qu’aurait dû te porter ta mère, ma sœur.

Aucune remarque ou réflexion orale ne suivirent les propos du haut prêtre. Les trois adolescents qui étaient les amis d’Abel avaient déjà été mis au courant par mon Contractant des conditions dans lesquelles il avait été amené au temple de Selkh perdu dans les montagnes d’Elliana. Par contre, il n’avait rien dit à propos de sa naissance, puisqu’il ignorait ce qu’il s’était réellement passé pour qu’il vienne au monde, et s’attendait donc à quelques révélations de la part de son oncle. Et il ne fut pas déçu.

- ° . : ~ O ~ : . ° -

La confiance est quelque chose de superflu, fébrile.


- ° . : ~ O ~ : . ° -

Le haut prêtre acheva son récit, et posa son regard sur chacun des quatre adolescents présents dans la chambre d’Abel. Le colocataire de ce dernier était obligatoirement un homme, tandis que les deux autres, qui étaient une fille et un garçon, ne partageaient pas la même chambre, ce qui n’empêchait pas pour autant la relation d’amitié qui existait entre les quatre adolescents. Enfin, c’était ce que mon naïf Contractant croyait. Son oncle se leva, et quitta la chambre sans dire un mot, traçant juste de ses deux mains le symbole de l’Eternité avant de sortir de la pièce. Les quatre jeunes se concertèrent du regard. Et la fille se leva la première, ayant pour unique remarque un regard empli de dégoût et de dédain sur le Disciple Abel, qui était le fruit d’un viol. Ce n’était jamais bien vu, surtout que cette fille descendait d’un couple qui s’était aimé en bonne et due forme, et qui méprisait toute forme de criminalité. C’était pour préserver leur fille, soi-disant, de la souillure de la ville qu’ils l’avaient envoyée au temple de Selkh. Elle quitta la pièce sans piper mot, et ce fut la dernière fois qu’elle mit un pied dans cette chambre attitrée à Abel et à son ami Illian. Celui qui ne logeait pas dans la pièce présente se leva à son tour et posa son regard sur Abel, dont la peine était clairement lisible dans son regard noisette.

- J’ai pitié de toi, Disciple Abel, mais cela s’arrête là.

Le jeune homme exécuta à son tour avec ses deux mains le signe de l’Eternel et se retira lui aussi définitivement de cette chambre. Les yeux noisette de mon Contractant se posèrent brièvement sur Illian, puis manifestèrent un très grand intérêt pour le sol en pierre. Clairement, la peine et la honte étaient présentes dans le cœur du disciple qui avait mis un excès de foi en ses soi-disant amis.

- Je… commença-t-il, gêné.

Il s’interrompit lorsque Illian se leva à son tour. On pouvait lire la pensée même dans les yeux noisettes d’Abel qui se levèrent vers son colocataire, semblant le supplier de continuer à lui témoigner une bonne foi en dépit des conditions dans lesquelles il était né. Après tout, il n’avait pas choisi de naître ainsi, ni même de venir en ce lieu saint pour suivre une formation. Et ce fut là, juste là, qu’une pointe de ressentiment et d’amertume se fraya un chemin jusqu’au cœur de mon Contractant. Son père. Quel scélérat était-il ! Et son oncle, qui avait quand même accepté de mener l’enfant impur qu’était Abel dans un lieu saint. Avait-il eu conscience de ce qu’il avait fait ? Le poings du disciple se fermèrent, et ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair. Il s’attendait à voir Illian quitter à son tour la chambre, mais la réaction de son ami fut toute autre. Il posa sa main avec douceur sur l’épaule de son colocataire et planta son regard noir dans celui d’Abel, tout en repoussant machinalement une mèche blonde venue se balader devant ses yeux.

- Abel, quelle que soit la manière dont tu as été conçu, je suis ton ami et le resterai. Faisons fi du passé, et avançons dans la confiance et l’amitié, sur le chemin tracé par notre déesse Selkh.


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:50, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:30

_____________________
. : ~ ° ‘ Ressentiment ’ ° ~ : .
_____________________

- ° . : ~ O ~ : . ° -

Suite aux révélations faites par son père, Enael déménagea, effectivement. Non pas dans un autre palace ou manoir, mais dans un simple appartement situé dans la banlieue de Berlin. A côté de l’ancienne demeure des Weisheit, il était clair que cela faisait très petit, et que cela était plutôt dépaysant pour l’enfant qu’était Enael Wilhelm Luther, qui avait déjà subi un premier choc en apprenant que sa mère était partie. Il voyait son univers parfait plein de bonheur s’écrouler petit à petit, surtout lorsqu’il ouvrit le frigo pour constater que la nourriture qu’il mangerait à présent seraient de premier prix, et qu’il pouvait dire adieu aux bons petits plats cuisinés par leur cuisinier personnel à présent licencié – et qui devait avoir déjà trouvé un autre emploi. D’ailleurs, c’était aussi le cas de Herr Weisheit, qui avait lui aussi trouvé un autre emploi que celui dans lequel il avait commencé une carrière brillante, tout en se mariant au mannequin à présent célèbre Yuan, qui avait repris son nom d’origine, sans pour autant abandonner sa nationalité allemande et retourner après des siens en Chine. Pendant environ deux années, Enael put continuer à fréquenter la même école dans laquelle il avait été inscrit lorsque ses parents étaient encore réunis, se familiarisant tant bien que mal avec le milieu complètement différent qu’était la banlieue, et surtout, avec les transports en commun qu’il était contraint d’utiliser pour rejoindre son école. Ses relations avec les autres camarades de son âge se dégradèrent en raison du changement de vie auquel il avait été contraint, ainsi qu’au changement de mentalité qui se faisait peu à peu chez lui. C’était le premier pas vers la personnalité qu’il possède actuellement.

La raison pour laquelle Yuan était partie et qu’Enael – appelé la majeure partie par son père par le prénom de Wilhelm ou de Luther – avait été contraint à ce brusque changement de milieu n’avait pour nulle autre raison qu’un écroulement total de l’entreprise de Herr Weisheit. Crise économique, mauvais placements, mauvaise gestion des emplois avaient conduit Herr Weisheit à tout abandonner, et était contraint de laisser la majeure partie de sa richesse à sa femme, qui avait réussi à le faire chanter en s’alliant avec un autre homme d’affaire qui avait des vues sur l’entreprise de Herr Weisheit et sur le succès qu’elle connaissait avant de s’écrouler. L’ancien chef d’entreprise s’était retrouvé avec plus des trois quart de sa fortune volées par sa femme, qui avait quand même le scrupule, soi-disant, de laisser leur enfant à la charge de l’homme. Et étant donné qu’elle éprouvait encore un brin d’affection pour son enfant, elle venait de temps à autre – entendez par là tous les trois ou quatre mois – voir son fils à la sortie de l’école, sans que Herr Weisheit n’en sache rien. Et après, elle repartait dans on ne savait quel pays continuer sa brillante carrière. Enfin, elle agit ainsi jusqu’à ce que son fils atteigne l’âge de onze, douze ans.

En effet, environ deux ans après l’installation des Weisheit masculins dans la banlieue de Berlin, le père se rendit compte que son mode de vie était encore trop coûteux pour son salaire et sa richesse actuelle, qui allait dangereusement vers les abysses si la courbe des dépenses restait constante ou augmentait de manière proportionnelle. De plus, Enael allait entrer dans le secondaire, ce qui constituait une parfaite occasion pour lui de changer de type d’établissement, et le scolariser dans un milieu beaucoup moins coûteux, ce qui eut encore plus d’impact sur la personnalité de l’enfant qui, les jours passant, en voulait de plus en plus à sa mère qui ne faisait plus qu’une apparition brève tous les six mois à la sortie du Gymnasium de banlieue plutôt mal fréquentée.

Enael n’avait aucun ami, s’étant renfermé sur lui-même, et étant devenu victime de railleries qui, à force, n’atteignaient même plus son cœur, qui était réchauffé par d’autres moyens autres qu’une amitié qu’il aurai vainement cherché au sein du Gymnasium qu’il fréquentait. Les rumeurs circulaient vite, et l’on avait rapidement su qu’Enael était un gosse de riche, et que, théoriquement, il n’avait rien à faire dans la banlieue de Berlin, en dehors de se moquer de la misère relative dans laquelle ses semblables pouvaient vivre, et qui ignoraient que, peu à peu, Enael et Herr Weisheit se rapprochaient de cette misère. Petit à petit, le père d’Enael se mit dans la tête que leurs dépenses devaient être réduites au minimum, afin que lui et son fils puissent survivre le plus longtemps possible dans ce lieu qu’il voyait comme territoire hostile et infâme – vision des choses qu’Ebael ne partageait pas, puisqu’il ne partageait pas la semi-folie qui s’était emparée de son père. Herr Weisheit semblait peu à peu perdre ses esprits, sa notion de la réalité, pour une seule raison : l’amour qu’il avait voué et qu’il vouait encore à Yuan était sincère, voire passionnel. Mais il ne pouvait rien faire pour retrouver la belle Chinoise qu’il voyait de temps en temps passer à la télévision, tout comme Enael ne pouvait rien faire pour tirer son père de cette situation.

Heureusement, le père de mon Contractant n’avait pas encore perdu totalement les pédales lorsqu’il s’était décidé à acheter un ordinateur pour son fils, en guise de cadeau pour les bonnes notes qu’Enael ramenait du Gymnasium. Ce dernier pouvait donc partager une partie de ses peines avec des rencontres sincères qu’il faisait sur la toile, en dépit de la solitude quotidienne à laquelle il avait fini par s’habituer. Toutefois, je voyais ceci d’un mauvais œil, car même si les contacts de mon Contractant lui permettaient de soulager son cœur meurtri, il n’en demeurait pas moins que les heures passées devant cette machine accroissaient sa solitude, le rendant complètement fermé au monde extérieur, qu’il dénigrait peu à peu. Son caractère définitif – ou presque, car il a encore légèrement changé à mon arrivée – ne fut déterminé qu’après un incident majeur dans la vie du jeune Allemand, âgé de 15 ans et demi. Il fut ‘simplement’ agressé dans la rue à la sortie du Gymnasium, alors qu’il envoyait balader proprement les quelques brutes qui avaient décidé de l’embêter en ce jour lambda. Résultat, les brutes en question n’apprécièrent pas vraiment de se faire fermer le clapet par un maigrelet deux fois plus fins qu’eux, et Enael se retrouva bien vite sur un lit d’hôpital, ce qui eut au moins le mérite de faire retrouver un peu de lucidité au père du jeune homme, et surtout, se faire rencontrer Yuan et Herr Weisheit à son chevet.

Six mois plus tard, j’arrivai.


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:50, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:32

_______________________
. : ~ ° ‘ Détresse ’ ° ~ : .
_______________________

Petit chapitre fait spécialement pour mon cher Contractant, qui a l’honneur d’en avoir un peu plus que moi sur cette partie… étant donné que je n’y ferai aucune apparition (Abel : c’est bon, hein, y’a pas mort d’homme).

Lorsque les soi-disant amis de mon Contractant l’avaient quitté en raison des conditions dans lesquelles il avait été conçu, il avait dès lors treize années de vie derrière lui, et deux années de formation en tant que Disciple du lieu dans lequel il était formé. Les Disciples restaient tels quels pendant cinq ans, étant considérés comme presque formés jusqu’à l’âge de seize ans. Dès lors, ils devaient voyager jusqu’à l’une des grandes villes de Vespéria tirée au sort par les hauts prêtres ou assignée d’office selon les circonstances pour achever leur formation auprès du peuple, et auprès d’autres prêtres des différentes villes qui officiaient déjà là-bas afin d’apporter les grâces de l’Eternelle aux gens du peuple qui la vénéraient. Dix huit ans venus, les anciens disciples revenaient sur le lieu de formation paumé dans les montagnes d’Elliana, et, après avoir fait un rapport de leur pseudo stage de deux ans, ils recevaient ou non le titre de prêtre de Selkh. Tel était le fonctionnement très strict du Temple que j’ai nommé paumé au milieu des montagnes d’Elliana, vu que l’on pouvait pas faire plus court que cela – et pas si renommé que cela, sauf auprès des adeptes de Selkh.

Il restait donc à mon Contractant et ami trois ans de formation avant de partir à la découverte du monde extérieur, ce qu’il, entre nous, était pressé de faire. Niché entre deux montagnes, le Temple formant les prêtres de l’Eternelle ne permettait pas à ceux qui y étaient formés d’entrer en contact avec le monde extérieur, dont la seule image qu’ils pouvaient se faire était dessinée à partir des récits faits par les prêtres ou les hauts prêtres lorsqu’ils revenaient de voyage, et qu’ils prenaient la peine de partager leurs expériences avec les disciples. Cet isolement était loin d’être involontaire, puisque les jeunes disciples influençables ne devaient pas entrer en contact avec le monde extérieur avant d’acquérir une certaine maturité et une certaine foi en la déesse Selkh qu’ils vénéraient, en d’autres termes, pas avant qu’ils n’atteignent l’âge de seize ans. Et si vous êtes forts en maths, vous comprendrez qu’Abel n’a jamais vu autre chose à Vespéria que sa petite maison dans les hauteurs d’Ys et le Temple de Selkh paumé dans les montagnes d’Elliana. Et ouais, si il est arrivé sur Terre six mois après mes quinze ans et demi, et qu’il avait une différence d’un an avec moi, c’était qu’il avait quitté d’une manière détournée le Temple à quinze ans, lorsque j’en avais seize. Et si vous êtes en filière scientifique, vous comprendrez peut-être qu’Abel et moi sommes liés depuis un an déjà…

Bref, revenons à nos moutons. Il se trouvait qu’Illian, son camarade de chambre et ami, avait, lui, un an et demi de plus que le jeune Til’Aria, qui, pauvre de lui, était toujours le plus jeune dans ses relations amicales. Et il se trouvait qu’Illian était le seul ami qu’Abel possédait dans l’enceinte du Temple, si l’on ne comptait pas son oncle comme ami. En effet, ceux qui tentaient de s’approcher de mon Contractant étaient vite dissuadés par les anciens amis d’Abel, qui mettaient bien vite en garde les autres Disciples, et qui semblaient veiller au grain. En fait, le plus correct aurait été de dire qu’ils avaient pris Abel en grippe, Abel qui était toujours aussi peiné de voir ses deux anciens amis faire preuve d’autant de cruauté envers lui. Et il se trouvait qu’Illian, lorsque Abel atteignit ses quatorze ans et demi, avait seize ans. En d’autres termes, avait l’âge de quitter le Temple paumé dans les montagnes d’Elliana pour aller faire sa pratique pendant deux ans dans une ville de Vespéria. Et, en d’autres termes, il était donc dans l’obligation de délaisser son ami pour rejoindre une ville de Phoenixia proche de la frontière de Médiana, afin de réconforter les victimes du conflit qui s’était déclaré entre Phoenixia et Médiana.

Six mois plus tard, Abel Til’Aria disparaissait mystérieusement du Temple.

- ° . : ~ O ~ : . ° -

Cela faisait trois semaines qu’Illian avait quitté le Temple paumé dans les montagnes d’Elliana, où Abel était à présent seul dans sa chambre, le lit en face du sien n’ayant plus d’occupant. Bientôt, un autre disciple viendrait prendre la place laissée vacante par Illian et serait obligé de côtoyer le jeune Til’Aria. Ce dernier connaissant son oncle, et celui-ci connaissant les rumeurs qui traînaient sur son neveu, il obligerait certainement un nouveau disciple de onze années, que les rumeurs n’auraient pas atteint, dans la chambre d’Abel. Abel, qui, assit sur la chaise du bureau, lisait un livre sur les préceptes de la religion de l’Eternelle, ou plutôt, tentait de lire ce fichu bouquin qu’il connaissait déjà par cœur. Il l’avait ouvert en espérant qu’il suffirait à détourner son attention de la petite fenêtre donnant sur la cour du Temple. Mais rien n’y faisait. Même si ses yeux étaient posés sur les pages manuscrites de l’ouvrage, il ne pouvait empêcher ses pensées de divaguer, d’aller droit vers son ami Illian, qui se tenait, trois semaines plus tôt, debout dans cette cour, adressant un adieu modeste et humble à ce Temple qu’il reverrait deux ans plus tard. Deux ans qui paraîtraient une éternité aux yeux d’Abel.

Encore que, avec un peu de chance, son nouveau colocataire serait un bonhomme sympathique, différent de ceux qui se laissaient facilement décourager par les conditions de naissance d’un homme. Après tout, il n’avait pas choisi comment il était né. C’était ce qu’il s’était répété une année, six mois et trois semaines durant, jetant par la pensée la honte sur ses parents, ou plutôt sur son père. Après tout, sa mère n’y était presque pour rien. Des sentiments qu’il n’avait que rarement éprouvés avant ses treize s’étaient faits de plus en plus fréquents dans le cœur du Disciple de Selkh, qui s’en voulait d’être en proie à de telles pensées – je pense que c’est de là que vient son pouvoir, mais après tout, ce n’est qu’une supposition.

Ce qui inquiétait le plus Abel, qui n’était pas de nature égoïste, ce n’était pas les deux années qu’il allait devoir vivre en l’absence de son ami Illian. Certes, celui-ci lui manquerait. Certes, les autres disciples prendraient un malin plaisir à profiter de l’absence de son ami. Mais tout ceci, il pouvait le surmonter, en sachant qu’Illian reviendrait, et que, de toute façon, il quitterait le Temple, lui aussi, dans une année et demi. En ayant, avec un peu de chance, noué de nouveaux liens d’amitié avec son futur colocataires. Ce qui inquiétait Abel, c’était le sort de son ami Illian, qui allait officier dans une ville phoenixienne proche de la frontière médiane, pour réconforter les civils pris dans la guerre. Or, c’était la guerre, là-bas. Illian avait suivi la formation de disciple et devait normalement avoir des acquis en matière de combat, mais le champ de bataille n’était pas le domaine de ceux qui sortaient du Temple paumé au beau milieu des montagnes d’Elliana. Illian pouvait très bien être pris entre deux feux sur un champ de bataille improvisé, et pouvait très bien périr. Trois coups timides à sa porte le tirèrent de ses pensées. Il s’empressa d’ôter ses pieds du bureau, sachant très bien que ce genre de conduite était plutôt mal vu… Allant ouvrir, il tomba nez à nez avec un jeune rouquin de onze ans, qui était sûrement devenu récemment un disciple. Son regard vert et innocent n’était pas sans rappeler celui d’Abel au même âge. Le jeunot s’inclina devant son aîné, après avoir exécuté le signe de l’Eternel.

- Til’Aria, Abel ? demanda le garçon de sa voix aiguë. Je suis Alhan, votre nouveau colocataire. Enchanté.

Aucun mépris dans les paroles du garçon, juste de la politesse et du respect. Il ne connaissait visiblement son futur colocataire que de nom, et semblait être impressionné d’avoir à partager une chambre avec quelqu’un de beaucoup plus âgé que lui.

- Enchanté, répondit Abel avec douceur. Tu n’es pas obligé de me vouvoyer, je ne suis pas si vieux que ça…

Mon Contractant s’écarta de l’entrée pour que son nouveau colocataire puisse pénétrer dans la chambre qui était désormais la sienne. Le rouquin déposa son petit sac d’affaires sur le lit qui était à présent libre, et qui avait autrefois appartenu à Illian, et encore auparavant, à d’autres disciples. Mon dominé ne put s’empêcher de repenser à sa propre arrivée en ces lieux, lui aussi impressionné par Illian comme Alhan avait été impressionné par Abel. A présent, c’était lui l’aîné…

- Ah, j’allais oublier, un haut prêtre veut vous voir. Je crois que c’est votre… enfin, ton oncle. Et euh, te voir, pardon.

La confusion du rouquin fit sourire Abel, qui voyait les jours prochains s’éclaircir par la présence d’un tel colocataire dans sa chambre, qui allait sûrement être quelqu’un d’agréable à côtoyer. Mon Contractant prononça un bref remerciement à l’égard de son nouveau colocataire, puis lui signala qu’il allait voir ce que lui voulait son oncle, et sortit donc de la chambre. Trouver le haut prêtre ne fut pas long, puisque celui-ci semblait pressé de trouver son neveu, qu’il trouva quelques minutes après que celui-ci ait quitté sa chambre. Un pli soucieux barrait le front du haut prêtre, qui tenait entre ses main une lettre chiffonnée, qu’il triturait entre ses doigts. La joie d’Abel d’avoir un nouveau colocataire s’évapora en quelques instants lorsqu’il aperçut la mine de son oncle qui était on ne peut plus sombre. Le silence s’installa entre le neveu et l’oncle, ce dernier évitant le regard du jeune homme, et le jeune homme ayant le regard posé sur la lettre qui devenait de plus en chiffonnée au fur et à mesure qu’il la faisait tourner entre ses doigts. Au bout de quelques minutes de silence, Abel se décida à ouvrir la bouche, mais son oncle l’interrompit d’un geste de la main.

- Illian est mort.


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:51, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyJeu 28 Mai - 23:33

_______________________
. : ~ ° ‘ Trahison ’ ° ~ : .
_______________________


Le rêve commença, alors que tu gisais sur un lit d’hôpital, pansements et plâtres faits à divers endroits de ton corps. Tes deux années de capoeira, ton année de kung-fu, tes six mois de self défense, tes huits mois de tir à l’arc, tes trois années de karaté et tes quatre ans de taichi ne t’avaient servi à rien. Pas plus que trois années de flûte traversière ou de piano. Face à ces brutes baraquées, tu étais bien frêle, tu était bien faible. Les mots seuls étaient ton arme, mais ils n’ont pas suffi. Il aura fallu que tu mettes quelques coups de poing ou pied pour sauver ce que tu as sauvé, et pour te retrouver sur ce lit d’hôpital. Ils ne t’auraient pas tué, ils n’étaient pas idiots au point de commettre ce que l’on appelait dans ton monde un crime. Dans le mien, c’en était un aussi, mais on s’e fichait. Illian était mort, pourtant, aucune justice n’est venu réclamer compensation ou argent, aucun miracle ne peut ramener Illian à la vie, Illian que je n’ai même pas vu périr.

Toutes les expériences que tu avais accumulées, m’impressionnaient, comme Alhan qui était impressionné d’avoir à partager sa chambre avec quelqu’un comme moi. Ces expériences, accumulées plus ou moins simultanément, que ton père t’avait laissé faire, car il ne souhaitait autre que le bonheur de son fils en dépit du déraillement mental qu’il avait subi à cause de Yuan. D’autant plus que le monde dans lequel, toi, personnage de rêve, vivait, était d’une étrange fascination, d’une curieuse composition clairement différente de la Vespéria dont je n’avais vu que des bribes de pays. Pourtant, le personnage imaginaire que tu étais ne semblait pas tant admirer ce monde que cela. Tu étais indifférent aux merveilles technologiques qui t’entouraient, qui constituaient ton quotidien. Ta langue était différente de la mienne, pourtant je la comprenais. Merveilles. Je n’avais lu que de rares romans ou contes au Temple, et je voyais ta vie de jeune homme allemand comme une prose sur un autre univers, comme une aventure d’un être exceptionnel que tu était sensé incarner, un héros d’on ne savait quelle épopée de rêve.


Tu étais d’un naïf… C’était incroyable. Pourtant en ton cœur avait commencer à germer les semences du ressentiment et de l’amertume, que je n’ai fait que cultiver par la suite, avec raison, puisque tout homme possède ces graines en son for intérieur, même s’il ne veut le reconnaître. J’admire les êtres altruistes, pourtant j’en ai détruit un, tout comme je détruirai sûrement les autres que je croiserai. Les os brisés, le visage tuméfié par les coups de mes agresseurs, je dénigrais et enviais à la fois ta vie. Au départ, ce n’était ni plus ni moins qu’un tour que me jouait mon subconscient, qui faisait défiler devant mes yeux la vie d’un être d’un autre monde, Vespéria, qui aurait très bien pu paraître dans le film à succès du prochain mois, que je n’aurai pas l’occasion de voir, car ma convalescence devait durer au moins cinq mois. Je n’y croyais pas un seul instant, je voyais ton univers comme une pure invention, comme concrétisation de l’image que je me faisais de l’être humain. L’homme est un loup pour l’homme disait Kant, et le fait est que j’étais et que je suis totalement d’accord avec lui. Ceux qui se disaient Vespériens ne valaient pas mieux que les terriens, se détruisant entre eux par des guerres.

Je t’ai vu grandir dans cette cabane en haut de cette montagne, où les lumière d’Ys en contrebas semblaient être les lumières d’un paradis perdu, ou d’un enfer auquel vous aviez échappé. Tes camarades de jeu se résumaient à des chèvres, à ton premier oncle qui fut le seul à vraiment te considérer comme membre à part entière de la famille, ta mère qui s’efforçait de t’ignorer et ton père qui rentrait trop tard pour que tu puisses réellement le voir. Je t’ai vu grandir, je t’ai vu être transféré au Temple de Selkh, tout ceci ayant pour origine le vice de l’homme, et une fois encore, j’ai compris le sens des termes écrits ou prononcés par Kant. Et j’ai compris à quel point la société humaine était friable. Pourtant, pourtant, j’avais encore une légère confiance en l’humain, je n’avais pas tout abandonné. Pas encore, et dans un sens, cela n’était que pire pour moi, qui était partagé entre deux visions des choses ambiguës.

Et ton égoïsme. C’est ton égoïsme qui nous a frappé tous deux, car ce que tu voyais dans tes visions, tu le rapportais toujours à toi.

Ja, ich bin selbstsüchtig. Die Selbstsucht hatte dir aufgefallen. Es war...eindrucksvoll.

Et le plus étonnant, ce fut toi. Toi, qui, loin de mépriser un tel égoïsme, tu l’accueillais à bras ouverts, contemplant un héros dont la pensée évoluerait forcément vers le bon. Et moi, plus je te voyais, plus mes sentiments m’affligeaient.

Jusqu’au jour, ou plutôt la nuit, où nous rencontrâmes. Et nous nous rendîmes compte que tout était vrai. Tout.


Alles.

Il y avait bien dans un autre monde étrangement développé, un Enael Wilhelm Luther Weisheit, qui, peu à peu, sombrait dans un système d’égoïsme et d’autodérision, qui n’avait aucun appui. Ses parents, au-dessus de son lit d’hôpital, trouvaient encore le moyen de se disputer, ou pire encore, de parler d’argent, alors que leur fils avait sombré dans l’inconscience.

Il y avait bien, dans un autre monde, un dénommé Abel Til’Aria, conçu dans le vice de l’homme, et méprisé par ses semblables pour un crime qu’il n’avait pas commis, et dont la seule personne en laquelle il avait confiance et portait son amour était décédé. Son colocataire Alhan, du haut de ses onze ans, avait compris la souffrance qui affligeait son aîné, mais ne pouvait rien faire pour l’alléger. Il était devenu lui aussi cible de brimades, et jouait ainsi la comédie en plein jour pour éviter de se faire lyncher, et tentait de réconforter son aîné la nuit. Il était hypocrite mais…

Ses actions me touchaient. Il n’avait pas un cœur totalement de pierre. Tout comme les parents d’Enael, qui, parfois, posaient leur regard sur leur fils allongé sur un lit de draps blancs, et qui, pendant ces moments, faisaient le silence. Et pensaient à leur fils, à tout ce qu’il avait subi. Et tout ce qu’il devrait encore subir, par leur faute. Il arrivait qu’ils comprennent leurs vices, mais ne savaient pas les corriger.


Alhan… A la fois, je le dénigrai et l’admirai. Ces personnes de nature altruistes méritent un monde meilleur, des hommes meilleurs. Mais c’est impossible, car le cœur de l’homme est composé vices. Même Alhan possède le vice, car le jour il est l’un, la nuit il est l’autre. Lorsque le soleil est haut dans le ciel, tu assènes le violent coup de couteau, et lorsque la Lune se lève, tu panses les plaies et apportes le réconfort. Cette ambiguïté présente même dans le cœur de l’homme.

Six mois. Ce fut le temps nécessaire à ce que chacun découvre la vie de l’autre. Tu as tout découvert sur moi, mes vices, mes défauts, mes qualités, ma naïveté. Tu m’as vu, au final, remercier Alhan du fond du cœur. Tu m’as vu passer l’éponge sur toutes les souffrances et tout le réconfort qu’il m’avait prodigués. Tu m’as vu lui souhaiter un avenir brillant. Tu m’as vu lui demander de vivre heureux. De croire en Selkh. Tu m’as vu lui dire adieu. Tu m’as vu lui expliquer que toi, tu avais besoin de moi, que je me devais d’apporter mon aide à quelqu’un qui était dans le besoin. Car tu étais dans le besoin.

Tu as disparu. Alhan n’a rien dit aux prêtres à propos de ce que tu lui avais dit, car il te l’a promit, de sa propre initiative. Il a vu que tes souffrances prendraient peut-être elles aussi fin, que tu trouverais un bonheur réciproque. Nous avons conclu un pacte, qui, pourtant, n’avait rien de joyeux. Nous nous sommes promis…

Oui, nous nous sommes promis, et tu t’es réveillé. Tes parents étaient là. Moi aussi. Ce fut le début. Le début de notre trahison commune.

Car le cœur humain est incapable de confiance. Sauf, peut-être, dans le cas de Contractants. Mais notre trahison ne consistait pas en trahir l’un et l’autre, mais trahir les autres.

Nous nous sommes nous-mêmes affligés d’un fardeau, car nous connaissions la nature humaine.


Dernière édition par Enael Weisheit le Sam 30 Mai - 22:51, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyVen 29 Mai - 23:39

_______________________
. : ~ ° ‘ Haine ’ ° ~ : .
_______________________

Etrange duo que nous formions à nous deux. Les questions que je posais à Enael sur les technologies de la Terre trouvaient des réponses concises et courtes. Je finis par comprendre que c’était dans la nature d’Enael de paraître froid aux premiers abords, et que ce n’était non pas par manque de confiance. En fait, je crois que je l’embêtais plus qu’autre chose avec ma curiosité.

Expliquer ce qu’était un train, ce qu’était une voiture… qui est-ce que cela n’aurait pas barbé ? Il n’empêchait que, après ma sortie de l’hôpital, je ne manifestais pas de méfiance excessive envers mon Contractant, même si, pour moi, qui avait vécu dans la solitude, la présence quotidienne d’un être à mes côtés était plutôt dépaysant. Certes, Abel n’était pas matériellement à côté de moi, mais sa voix résonnait dans ma tête de temps à autre, et parfois, chose étrange, m’apportait du réconfort. Ou de la discussion, au moins. En effet, je m’étais mis en tête de vaincre cette naïveté exaspérante que mon cohabitant possédait et qui était on ne peut plus énervante. Et, peu à peu, je réussissais à changer la vision des choses de mon dominé, qui, après tout ce qu’il avait vécu, n’avait toujours pas perdu la foi en l’être humain, et en Selkh, l’Eternelle, dont le culte était inexistant sur Terre. Seul Dieu, divinité unique vénérée, était présente dans nos croyances. Ou plutôt, dans leurs croyances. Je réussis à éloigner mon dominé de Selkh. Au moins à un point où il jurait pas autre chose que l’Eternelle.

Quant à moi, en plus d’apporter du réconfort à mon hôte en chassant au loin sa solitude, je cherchais aussi à changer sa vision sur le monde. Certes, nous avions beaucoup de points communs, mais en dépit des tâches de noirceur que ma vision avait subi par la perte d’Illian et le comportement de mes semblables, il n’en demeurait pas moins que je restais quelqu’un d’optimiste, qui avait foi en l’homme. Cette foi même qui m’avait fait accepter le pacte de mon Contractant s’effaça peu à peu, surtout lorsque vinrent les incidents par la suite. Mais avant cela, j’avais réussi à faire partager un peu d’optimiste au jeune Allemand qu’était mon Contractant.
Il s’avérait que notre relation ne se limitait pas au contact permanent de nos âmes. Le principe de deux Contractants, nous le comprîmes assez vite, lorsque Enael découvrit qu’il avait un don. Un don qui était un cadeau, un cadeau empoisonné. Un don qu’il avait acquis grâce ou à cause de ma venue.


Au début, ce n’était que de fausses impressions, puisqu’il est impossible de capter et de ressentir les émotions d’un autre. Enfin, quand on est pragmatique. Mais apparemment, ceux qui deviennent Contractors se doivent d’abandonner une vision des choses trop terre à terre. Lorsque je frôlais mon père, un léger sentiment d’amertume remontait à la surface de mon cœur, et je pensais que cela était dû à la vue de mon paternel si désemparé devant les réactions de Yuan après mon réveil. Yuan, ma mère, qui était repartie, une nouvelle fois. Avant son départ, elle m’avait enlacée, et j’avais ressenti une pointe de culpabilité et de rancœur. Encore une impression, m’étais-je dit. J’en volais à ma mère pour ne pas rester, et je me sentais coupable d’être l’objet des dispute de mes parents, qui, si je n’existais pas, ne se seraient pas revus.

Aucun de nous deux n’a vraiment senti que quelque chose d’étrange se passait. A nos deux esprits les souvenirs de notre pacte revenaient, mais nous ne saisissions pas toutes le subtilités de ce que nous avions vécu. Le pacte s’était fait dans des circonstances étranges, mais pourtant, nous n’en portâmes guère l’attention que nous aurions dû y payer. Il aura fallu qu’un drame se passe pour que nous comprîmes. Plus le temps passait, plus notre relation, qui était certes étrange et dans laquelle une certaine retenue s’était installée, évoluait, plus les impressions d’Enael se renforçaient. De plus en plus fréquemment, il avait l’impression d’être envahi par des sentiments qui n’étaient pas les siens.


Amour, joie, colère, peine, tristesse, haine… Tout ceci qui était à la fois dans mon cœur et qui à la fois ne m’appartenait pas. Pourtant, nous nous sommes efforcés de fermer les yeux là-dessus. Jusqu’à ce que j’aille, pendant un week-end comme les autres, aller acheter un bon couteau pour couper le saucisson que mon père avait acheté. Vous allez me dire qu’il n’y avait rien de phénoménal là-dedans, si ce ‘est que mon père n’avait pas pensé à toutes les facettes de la chose en achetant son saucisson et en oubliant que nos couteaux n’étaient pas ce qu’il coupait de mieux. Moi non, plus, et Abel nous plus, nous n’y voyions rien d’extraordinaire en l’acte d’aller acheter un peu de vaisselle.

A la sortie du magasin, Enael rentra dans quelqu’un. Un homme d’âge avancé, mal rasé, un homme qui paraissait aux premiers abords comme tout autre homme des banlieues. Mais cet homme, cet homme avait quelque chose de particulier. Alors que cet homme et Enael tombaient à la renverse sous la violence du choc, ce que nous aurions dû prévoir arriva.

Haß. Hatred. Odio. Haine.

C’était envahissant. Irrésistible. Tel une vague, un tsunami. Une tempête, un cyclone. La haine incroyable que contenait le cœur de cet homme déferla en moi. Je la ressentis comme si c’était la mienne. Une haine envers le monde. Le monde entier. Et une envie plus forte qu’autre chose. Je poussais un cri de rage auquel ma propre souffrance se mêlait. C’était intenable.

Emporté dans une vague de sentiments néfaste, je ne sus émerger pour empêcher Enael de commettre un acte irréparable.

Ce couteau destiné à trancher de la chair animale transperça de la chair animale. De la chair humaine, s’enfonçant avec brutalité dans le poumon droit de cet homme dont la haine m’avait complètement envahie. Je haïssais ce monde, le monde extérieur, les autres, tous ceux qui m’entouraient. Lui y compris. Le sang ternit peu à peu la chemise blanche de l’homme de sa couleur rougeâtre, qui ne m’interpella pas. Je continuai d’enfoncer avec rage cette lame tandis que l’homme hurlait son agonie.

Enael.

Je hurlai ton nom, émergeant de la tempête qui faisait rage dans ton cœur. Tes doigts desserrèrent leur emprise sur le manche du couteau. Le contact avec cet homme cessa, ainsi que le flux de sentiments vicié. Une nouvelle fois, tu hurlas. De désespoir. Et tu t’évanouis, les larmes coulant encore de tes yeux ambrés.

- ° . : ~ O ~ : . ° -

Les larmes coulaient toujours de tes yeux ambrés que j’avais trouvé si beaux. Tu avais seize ans et demi, tu n’étais pas encore majeur, tu n’avais pas l’âge d’aller en prison. Mais juridiquement parlant, tu étais et es responsable. On t’a jugé comme déséquilibré mental suite à une enquête faite autour de toi, et l’on t’envoya en maison de redressement pour mineurs. Dans ta chambre à une personne, qui nous rappelait celle que je possédais au Temple de Selkh lors de ma formation de Disciple, tu retournais chaque soir, et chaque soir tu versais encore plus de larmes que la veille. Tu ne t’apitoyais pas tellement sur ton sort, mais tu pleurais de rage et de haine pour le monde entier. Comme si cette haine était passée de cet home que tu avais failli tuer à toi. Et tu prononçais ces mots qui me transperçaient le cœur.

Je te hais. Je te hais, je te hais tellement. Pourquoi es tu venu, pourquoi dois-je endurer tout cela par ta faute. Pour quelle raison dois-je voir les vices des hommes si ouvertement ? Si tu n’étais pas là… Si seulement tu n’étais pas là…


Je sentais chaque soir, le rapport de confiance que nous avions construit s’étioler petit à petit. Peut-être que tu n’avais pas tort, m’étais-je dit. J’avais finalement menti à Alhan en lui affirmant que je te venais en aide en migrant sur Terre, en cohabitant avec toi. Pourquoi fallait-il que nous, Contractors, possédions des pouvoirs ? Tu avais beau me haïr, l’ampleur de ton don ne diminuait pas. Chaque fois que tu frôlais par mégarde l’un de tes semblables enfermé dans cette maison de redressement, différents sentiments envahissaient ton cœur. Et tu pensais qu’un jour, tu allais perdre la raison, ne sachant plus faire aucune distinction entre tes propres sentiments et ceux des autres. Je voulais t’aider. Mais je ne savais pas comment. Et encore une fois, il a fallut que nous en arrivâmes à des extrémités afin de voir la solution s’offrir à nous.

Il se trouvait que la maison de redressement ne soit pas assez grande pour accueillir des personnes dans des chambres individuelles. Ainsi, un autre jeune homme vint cohabiter avec moi, et ce jeune homme était considéré comme aussi décérébré que moi – et dans un certain sens, je l’étais réellement. Cet adolescent était myope comme une taupe, et avait dû certainement subir un grand nombre de choses à cause de cela, et je devinai sans mal que c’étai sur un coup de colère qu’il s’était retrouvé envoyé dans cette maison de redressement. Toutefois, je ne sais pas si il avait l’esprit complètement lucide lors de son arrivée. La preuve en était que lorsque je fus contraint de le toucher, une nouvelle vague de haine envahit mon cœur, une haine, qui, cette-fois-ci, n’était pas dirigée vers le monde entier, mais vers ceux dont la vue était parfaite. Ceux dont je faisais partie, ayant une excellente vue et n’ayant besoin d’aucune correction visuelle.

Et encore une fois, tu ne réfléchis pas. Mu par une haine subite, tu empoignas le stylo qui traînait sur la table et tu ne fis ni plus ni moins que de le planter dans ton œil gauche, ta main droite serrant toujours celle de ton nouveau colocataire. Celui-ci fut stupéfié par ta conduite, mais ne songea pas un seul instant à rompre le contact physique avec toi.

Le stylo sortit de mon œil gauche, puis s’enfonça de nouveau dans celui-ci, puis encore une fois. La raison m’avait désertée. Jusqu’à ce que ma haine, non, la haine de mon colocataire s’atténue brusquement, et que mes doigts desserrèrent leur emprise sur le stylo, comme ils l’avaient fait quelques mois plus tôt avec le couteau de cuisine.

De toute mon âme, j’avais souhaité que tu stoppes ton action de folie, que la haine qui n’était pas tienne s’atténue au fond de ton cœur. Et j’avais réussi, pour la première fois, à employer mon don. Ta haine s’était d’un coup transformée en ressentiment, avant de disparaître, le contact entre toi et ton colocataire ayant cessé. Puis tu tomba à genoux, fixant dans un état second de ton œil à présent unique tes mains souillées par ton propre sang.

Et je m’évanouis, comprenant que c’était grâce à mon Contractant que je n’avais pas perdu mes deux yeux. La flamme de haine que j’hébergeais dans mon cœur à l’égard d’Abel lui s’atténua, jusqu’à devenir cendres. La confiance en lui que j’avais perdue regagna mon cœur.

Non, tu n’avais pas totalement perdu confiance en moi. L’être humain est ambivalent, et tu le sais. Si la confiance a pu regagner ton cœur, c’était parce qu’elle ne l’avait pas totalement désertée. Si j’ai pu enfin prendre une forme immatérielle, c’était parce qu’au fond, tu me faisais toujours confiance, en dépit de la haine sincère que tu m’avais voué. Mais depuis le départ, notre relation était et est basée sur le paradoxe que nous formons, que l’être humain forme.

A présent, je ressors de cette maison de redressement, pour reposer à nouveau mon œil unique sur les vices de l’être humain. Mais cette fois-ci, Abel est à mon côté.

Je l’ai toujours été… Mais cette fois-ci, tu es en droit de dire que je suis enfin réellement utile…


! . : - Les petites traductions d'Enael - : . !


Herr ~ Monsieur
Die Ironie ~ l'ironie
Erklärungen ~ explications
Gymnasium ~ équivalent du collège et du lycée en Allemagne
Ja, ich bin selbstsüchtig. Die Selbstsucht hatte dir aufgefallen. Es war...eindrucksvoll. ~ Oui, je suis égoïste. L'égoïsme t'a frappé. C'était... impressionant.
Alles ~ Tout
Revenir en haut Aller en bas
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptySam 30 Mai - 22:59

! . : - Le petit HRP d'Enael - : . !

    Fiche terminée, bonne lecture à vous (désolée, pas pu m'en empêcher xD)
    Si vraiment vous n'êtes pas d'humeur, ou ,'avez pas le courage de tout lire, je vous conseille au moins de lire la fin, le chapitre intitulé 'Haine'.

    En espérant ne pas trop vous embêter, et bon courage Alex :p
Revenir en haut Aller en bas
Ran
Destructeur Céleste
Ran


Masculin
Nombre de messages : 59
Localisation : Hutoo, Vespéria
Poste : Destructeur Céleste
Pouvoir : Alchimie de la terre // Contrôle la foudre.
Date d'inscription : 19/09/2008

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyDim 31 Mai - 17:49

Ce n'est pas mon rôle mais... Je te souhaite la bienvenue !
Personnellement, j'ai tout lu et j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Tes deux personnages forment un couple de Contractors comme je les aime. En revanche, je t'avoue que mon cerveau s'est parfois un peu perdu, parce que la différence entre l'italique et le normal n'est parfois pas assez voyant pour qu'on comprenne tout de suite.
De même, j'ai eu du mal avec le fait que ce soit chaque personne qui présente l'autre, dans les descritpions.
Enfin, je sais que ça vient de moi et ça ne change rien au fait que j'ai tout lu d'un trait (sans compter les fois où j'ai dû m'arrêter parce qu'il n'y avait pas la suite).
Bon jeu parmi nous =D
Revenir en haut Aller en bas
http://next-master-of-the-world.skyrock.com
Alex
Medium
Alex


Masculin
Nombre de messages : 118
Age : 33
Localisation : Terre
Poste : Lycéen/Princesse d'Elliana
Pouvoir : Voir l'avenir/Manipuler le temps
Date d'inscription : 18/04/2008

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyLun 1 Juin - 17:32

Ran c'est pas de l'italique et du normal, c'est une différence de police, pour l'un c'est du Comic sans Ms il me semble et pour l'autre c'est la police normale (Verdana ou Time New Roman je crois).

Bref, très belle fiche, tu es validée, une volonté pour le nom du titre de Contractor?
Revenir en haut Aller en bas
https://lepactedesreves.forumgaming.fr
Xena Wight
Sous-chef de l'OCCC
Xena Wight


Nombre de messages : 33
Age : 33
Localisation : sortez de chez vous, prenez à droite, à droite, à gauche, à droite... et ben c'est pas là
Poste : trop élevé pour votre petite personne / bras droit de l'OCCC pour être près de son chéri =)
Pouvoir : vous n'seriez pas mal en nain de jardin, non?
Date d'inscription : 30/08/2008

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyLun 1 Juin - 18:13

Bienvenue Enael!
J'attendrai d'être un peu plus opérationnelle pour lire ta looooooongue présentation xD
Revenir en haut Aller en bas
http://dzign.user-board.net/
Enael Weisheit

Enael Weisheit


Nombre de messages : 20
Date d'inscription : 28/05/2009

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyLun 1 Juin - 18:59

Danke !

Donc pour vous répondre, non ce n'est pas de l'italique, c'est bien des différentes polices, Verdana et Comic sans MS... mais c'est vrai que ça peut ne pas taper dans l'oeil, désolée ^^'

Pour le titre de Contractor... je réfléchirai, ou si tu trouves, tu peux mettre ce que tu veux, ça me gêne pas xD (même le décérébré What a Face )

(et effectivement Xena, bon courage x) )
Revenir en haut Aller en bas
Ran
Destructeur Céleste
Ran


Masculin
Nombre de messages : 59
Localisation : Hutoo, Vespéria
Poste : Destructeur Céleste
Pouvoir : Alchimie de la terre // Contrôle la foudre.
Date d'inscription : 19/09/2008

Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit EmptyLun 1 Juin - 19:47

Ah... !
Excuse-moi pour l'italique. Enfin, ça ne change pas grand-chose, si ce n'est que j'avoue m'être trompé XD
Revenir en haut Aller en bas
http://next-master-of-the-world.skyrock.com
Contenu sponsorisé





Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty
MessageSujet: Re: Enael Wilhelm Luther Weisheit   Enael Wilhelm Luther Weisheit Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Enael Wilhelm Luther Weisheit
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pacte des rêves :: Hors RP :: Présentations :: Contractors-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser